Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bribes de mots
24 décembre 2009

trois messes basses ...souvenirs

Je vous souhaite un doux Noël,
Je vous propose un texte , extrait des trois messes basses d'Alphonse Daudet,
souvenir des récitations d'enfants
Le temps de Noël se conjugue pour moi avec les souvenirs d'enfance!

- Des dindes rôties... des carpes dorées... des truites grosses comme ça !...
Dehors, Ie vent de Ia nuit soufflait en éparpillant Ia musique des cloches, et, à mesure, des lumières apparaissaient dans l'ombre aux flancs du mont Ventoux, en haut duquel s'élevaient les vieilles tours de Trinquelage. C'étaient des familles de métayers qui venaient entendre Ia messe de minuit au château. Ils grimpaient Ia côte en chantant par groupes de cinq ou six, Ie père en avant, Ia lanterne en main, les femmes enveloppées dans leurs grandes mantes brunes où les enfants se serraient et s'abritaient. Malgré l'heure et Ie froid, tout ce brave peuple marchait allégrement, soutenu par l'idée qu'au sortir de Ia messe, iI y aurait, comme tous les ans, table mise pour eux en bas dans les cuisines. De temps en temps, sur Ia rude montée, Ie carrosse d'un seigneur précédé de porteurs de torches, faisait miroiter ses glaces au clair de lune, ou bien une mule trottait en agitant ses sonnailles, et à Ia lueur des falots enveloppés de brume, les métayers reconnaissaient leur bailli et Ie saluaient au passage :
- Bonsoir bonsoir maître Arnoton !
- Bonsoir, bonsoir, mes enfants !
La nuit était claire, les étoiles avivées de froid ; Ia bise piquait, et un fin grésil, glissant sur les vêtements sans les mouiller, gardait fidèlement Ia tradition des Noëls blancs de neige. Tout en haut de Ia côte, Ie château apparaissait comme Ie but, avec sa masse énorme de tours, de pignons, Ie clocher de sa chapelle montant dans Ie ciel bleu-noir, et une foule de petites lumières qui clignotaient, allaient, venaient, s'agitaient à toutes les fenêtres, et ressemblaient, sur Ie fond sombre du bâtiment, aux étincelles courant dans des cendres de papier brûlé... Passé Ie pont-levis et Ia poterne, iI fallait, pour se rendre à Ia chapelle, traverser Ia première cour, pleine de carrosses, de valets, de chaises à porteurs, toute claire du feu des torches et de Ia flambée des cuisines. On entendait Ie tintement des tournebroches, Ie fracas des casseroles, Ie choc des cristaux et de l'argenterie remués dans les apprêts d'un repas ; par là-dessus, une vapeur tiède, qui sentait bon les chairs rôties et les herbes fortes des sauces compliquées, faisait dire aux métayers, comme au chapelain, comme au bailli, comme à tout Ie monde :
- Quel bon réveillon nous allons faire après Ia messe !
Drelindin din !... Drelindin din !...

Publicité
Commentaires
O
J'ai toujours adoré ce texte aussi...
Répondre
F
J'avais oublié Maître Arnoton! Merci de nous rappeler cette page si savoureuse.
Répondre
M
Quel bonheur de relire cet extrait<br /> Bon Noël<br /> Bisous
Répondre
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 140 148
Bribes de mots
Albums Photos
Derniers commentaires
Publicité