Au village, on l’appelle le simplet, on croit qu’il lui manque une case, les gentils disent que c’est un original…parfois tout s’embrouille dans sa tête…télescopage….dérapage…
Ce soir, il est triste, tellement triste, il l’a bien vu Mathilde, la douce, la belle, traverser de son pas alerte le petit pont …sûr qu’elle allait chez le Pierrot, depuis quelques temps il les voit partout ensemble, même que dans le bois l’autre jour, il a entendu le Pierrot lui déclarer : « je t’ai dans la peau »….lui ferait bien la peau…parce qu’il l’aime, lui, Mathilde depuis si longtemps, mais elle est trop bien pour lui…
La nuit est froide et claire, la lune brille ronde et fragile comme une assiette de porcelaine, et ce silence insupportable, seul… toujours seul….ses oreilles bourdonnent…il met son canif dans sa poche, ouvre la fenêtre, saute dans le jardinet et s’enfuit en courant en direction du petit pont…..
Si vous croyez qu’il est parti chez le Pierrot pour lui faire la peau…allez à la page 26
Si vous pensez qu’il a choisi d’en finir avec la vie….allez à la page 45
Si vous pensez comme moi….allez à la page 56
Page 56 : Il a couru à travers bois jusqu’au pont de ses soupirs, il a dansé la farandole avec les arbres, enlaçant de ses bras l’écorce rugueuse des troncs, puis il a regardé l’eau tourbillonner, il a reconnu dans sa tête le chant des oiseaux, parce qu’il leur parle aux oiseaux et que les oiseaux l’écoutent, il a sorti son canif de sa poche, a taillé dans un bout de bois un bateau , pareil à une coque et debout sur le pont il a lancé son navire de fortune et l’a regardé partir, happé dans les volutes bruyantes d’un ruisseau désordonné, lui le naufragé de la vie, le naufragé de l’amour.
Allez, avouez, vous n’auriez pas imaginé……
Consigne: Vous...le lecteur est interpellé par votre texte..il en devient l'acteur